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Souffrir mille morts avec Sylvia Plath

La romancière néerlandaise Connie Palmen s’empare du mythe de l’écrivaine, suicidée à 30 ans, en 1963, en donnant une voix poignante à son époux et poète, Ted Hughes.

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Publié le 24 octobre 2018 à 16h00, modifié le 25 octobre 2018 à 09h16

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Ton histoire Mon histoire (Jij zegt het), de Connie Palmen, traduit du néerlandais par Arlette Ounanian, Actes Sud, 272 p., 22 €.

Sylvia Plath et Ted Hughes à Paris, en 1956, pour leur lune de miel.

Voici un livre qui oblige à lire à l’envers. Sa couverture le suggère bien. Elle montre la photo d’un couple vu dans un sens d’abord, puis dans l’autre, ni tout à fait le même ni tout à fait un autre. Ce couple, c’est celui que formèrent, de 1956 à 1963, les poètes Sylvia Plath (1932-1963) et Ted Hughes (1930-1998), dont l’histoire tragique et tant de fois racontée est devenue mythique. Mais, attention, souffle l’auteure de ce ­roman, la Néerlandaise Connie Palmen. Le mythe a beau être enseveli sous une foule de récits plus ou moins apocryphes, il n’en demeure pas moins un ­mythe, une fable symbolique, dont la matrice, simple et frappante, est toujours la même… Et si on le prenait par un autre côté ? Si on racontait l’anti-légende de Sylvia et Ted ?

Failles et infidélités

Mais, d’abord, rappelons les faits. A Cambridge, en 1956, Plath et Hughes se rencontrent au cours d’une fête sur le campus. Elle, la fougueuse Américaine aux allures de star hollywoodienne, venue terminer un master de littérature anglaise en Europe ; lui, le beau gosse ­rêveur foudroyé sur le coup par son « double féminin ». Quatre mois plus tard, ils sont mariés, animés par une même volonté de « tout sacrifier à l’écriture ». Mais les difficultés ne manquent pas, liées à ses failles à elle – son père adoré perdu à l’âge de 8 ans – et à ses infidélités à lui – sa liaison avec Assia Wevill, en particulier, avec laquelle il aura une fille. Suit le suicide de Sylvia, par une nuit glaciale de février 1963, alors qu’elle est seule avec ses jeunes enfants, « coincée comme au fond d’un sac. Sans oxygène ». Une nuit où, tentant, une fois de plus, de s’expliquer « le gâchis de [s]a vie », elle pose sa tête au fond d’un four et ouvre le gaz – elle a 30 ans.

Ce que suggère Connie Palmen, c’est qu’on lit et relit ces faits comme on lie et relie des points. Notre trajet mental est toujours le même : elle est « la sainte, la fragile », il est « le traître, le méchant ». ­Celui qui l’a poussée vers la tombe. L’auteure évoque ses Journaux à elle, la merveilleuse Cloche de détresse (1963 ; Denoël, 1972) sur sa première tentative de suicide. Mais lui ? Que dit-il ? En dehors des Birthday Letters, son dernier cycle de poèmes (1998, Gallimard, 2002), Hughes s’est très peu exprimé sur la mort de sa jeune femme. Se glissant dans ce vide – déjà exploré par l’Américaine Diane Middlebrook (Son mari, Phébus, 2006), mais sur le mode biographique –, l’écrivaine néerlandaise imagine une fiction, une confession que rédige Hughes au soir de sa vie, livrant ainsi sa lecture des deux mille trois cents jours de son mariage avec Sylvia Plath.

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